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convenaient, car elles laissaient plus libre espace à l’imagination.

Quelle sorte de grande maison était-ce donc pour que tous les gens de la paroisse eussent ce sursaut, cet air effaré quand on leur demandait le chemin pour s’y rendre :

Que pouvait être ce gentleman, pour que sa mauvaise réputation courût ainsi la grande route ?

S’il m’avait suffi d’une heure de marche, pour retourner à Essendean, j’aurais, à l’instant et à cet endroit même, renoncé à mon projet aventureux et je serais revenu chez M. Campbell, mais après être allé déjà si loin, la honte suffisait pour m’empêcher de renoncer tant que je ne me serais pas rendu compte par moi-même de la réalité.

J’étais tenu, par simple amour-propre, d’aller jusqu’au bout, et bien que je n’eusse rien entendu de fort agréable, pour mes oreilles, bien que j’eusse notablement ralenti mon pas de voyageur, je n’en continuai pas moins à demander mon chemin, en allant toujours de l’avant.

Le coucher du soleil s’approchait quand je rencontrai une femme corpulente, brune, à l’air acariâtre, qui descendait la pente d’une colline d’un pas lourd. Quand elle eut entendu ma question, elle se retourna brusquement, m’accompagna jusqu’au sommet de la colline, qu’elle venait de quitter, et me montra une grande masse de constructions entièrement isolées au milieu d’une pelouse au fond de la première vallée.

Les environs étaient d’un aspect agréable. C’étaient de petites collines arrosées, boisées d’une manière charmante. Les récoltes avaient, à mes yeux, l’air magnifique, mais quant à la maison elle-même, on eût dit une sorte de ruine ; nulle route ne se dirigeait vers elle ; de