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y a quelque chose d’écrit, vous accompagnera pendant toute votre vie, comme un bon bâton de voyage, et un bon oreiller pour votre tête en cas de maladie.

Quant au dernier, qui est de forme cubique, j’espère et mon désir est accompagné de mes prières, j’espère que vous le verrez dans un monde meilleur.

En disant ces mots il se remit debout, ôta son chapeau et pria quelques instants à haute voix en un langage touchant pour un jeune homme qui fait ses premiers pas dans le monde ; puis soudain il me serra et m’embrassa avec force.

Ensuite, il me retint à longueur de bras, en me regardant, la physionomie tout entière travaillée par la douleur.

Enfin, il s’éloigna d’un pas rapide en me criant adieu et s’en retourna par le même chemin que nous avions suivi d’une allure inégale.

Je le suivis des yeux aussi longtemps qu’il fut en vue.

Alors il me vint à l’esprit que mon départ n’attristait que lui.

Ma conscience m’en fit éprouver un tiraillement douloureux, violent, car pour moi, j’étais on ne peut plus content de laisser là ce petit coin de campagne, pour m’en aller dans une grande maison pleine d’animation, parmi des gentilshommes riches et respectés, qui portaient le même nom et étaient du même sang que moi.

— David, David, pensai-je, a-t-on jamais vu une aussi noire ingratitude. Pouvez-vous oublier les services passés, les amis d’autrefois à la première fois qu’un nom ? Fi ! Fi ! voyez-vous, c’est une honte.

Et je m’assis sur le même tas de pierre que le brave homme venait de quitter ; j’ouvris le paquet pour voir en quoi consistaient les cadeaux.