je n’éprouve pas quelque souffrance physique. Ainsi, la bataille continue, — mal ou bien, c’est un détail, pourvu qu’elle continue. J’étais né pour un combat, et les puissances ont décidé que mon champ de bataille obscur et sans gloire serait le lit et la fiole à potion. »
Cette existence devait s’anéantir brusquement en plein labeur malgré le mal. Le 3 décembre 1894 était une journée de courrier. Stevenson passa son après-midi à répondre à ses amis d’Angleterre. Au coucher du soleil, il sortit de son cabinet de travail, causa gaiement avec sa femme et joua aux cartes avec elle. Il déclara avoir grand’faim et voulut descendre à la cave pour en monter une bouteille de vieux Bourgogne, mais soudain il porta la main à son front :
— Qu’est-ce que c’est ?… Oh ! n’ai-je pas un air étrange ?
Et il tomba sur ses genoux.
Aussitôt il perdit connaissance. Vainement les siens essayèrent de lui porter secours. Entouré de ses serviteurs indigènes, il expira à 8 heures 10 du soir.
Enveloppé du drapeau national, le corps demeura étendu dans le hall où le mal avait terrassé le grand romancier. Les serviteurs samoans, presque tous catholiques, récitaient près de lui les prières des morts en latin et en samoan.
Le 4 au matin, arriva le doyen du clan du chef, Mataafa, l’exilé politique au rappel de qui Stevenson s’était tant employé, entouré des autres membres du clan.