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ou même plus tôt et prenait des notes jusqu’à ce que Mme  Strong, sa secrétaire préférée, fût disposée à se mettre au travail vers 8 heures. Alors il dictait jusque vers midi. Après un substantiel repas, causerie, lecture à haute voix ou partie de piquet, parfois une leçon de français ou d’histoire à Austin Strong. Sur le soir, une visite à Apia, une promenade à travers les bois ou une partie de tennis jusqu’au dîner. À la veillée, les cartes ou un peu de musique.

Quand Stevenson était trop emballé par son travail, rien ne pouvait l’en détacher : mais le plus souvent, en dehors du travail du matin, on menait à Vaïlima une vie de loisirs. Souvent c’étaient des visites d’indigènes, des blancs d’Apia qui venaient voisiner. D’autres fois, des Anglais ou des Américains de distinction venaient réclamer l’hospitalité, le peintre Lafarge ou l’historien Adams par exemple. Bien lui en prenait d’ailleurs d’habiter ce climat délicieux. Jamais il n’eût pu vivre en Europe.

En 1893, il écrivait à M. George Meredith :


« Pendant quatorze ans, je n’ai jamais eu un jour de bonne santé réelle. Je me suis toujours réveillé las et mis au lit fatigué. J’ai écrit au lit, j’ai écrit hors du lit, j’ai écrit après des hémorragies, j’ai écrit tout défaillant, j’ai écrit pendant que la toux me déchirait, j’ai écrit quand ma tête tournait de faiblesse, et pour avoir tenu si longtemps, il me semble que j’ai gagné ma gageure et repris mon gant. Je me trouve maintenant mieux que je n’ai été, à dire la vérité, depuis que je suis venu pour la première fois dans le Pacifique, et pourtant, il ne se passe guère de jours où