un mille d’Apia. Il comptait y rester le temps nécessaire pour accumuler la quantité de notes nécessaires à documenter les pages de son livre sur cet archipel. Ensuite il gagnerait Sydney, il passerait l’hiver à Madère, puis rentrerait en Angleterre. Mais sa tâche d’historien, au lendemain des guerres intestines qui avaient divisé les Samoa, n’était pas aisée : il dut prolonger ses enquêtes auprès des consuls anglais et allemands et des négociants américains. Il voulut entendre aussi la voix des indigènes et alors il subit une attraction si puissante que l’idée lui vint de rayer de ses plans le séjour à Madère et de le remplacer par une prolongation de résidence à Samoa. Il acheta 300 acres de brousse à 2 milles d’Apia, et dans cette végétation si dense qu’à sa première visite avec sa femme il avait dû renoncer à pénétrer dans les fourrés, il fit ouvrir une clairière pour y bâtir son cottage. Samoa avait un agrément pour le romancier, c’est que le passage mensuel des steamers de la ligne Sydney-San-Francisco y assurait la régularité du service postal et par conséquent les relations de Stevenson et de ses éditeurs et imprimeurs. Il en profita d’ailleurs pour faire, en février 1890, un voyage à Sydney où rendez-vous avait été pris avec Mme Strong. C’est pendant ce voyage qu’il eut connaissance du violent pamphlet du docteur Hyde, ministre presbytérien à Honolulu, contre l’œuvre du père Damien. L’indignation mit la plume en mains à Stevenson.
Je sais, déclarait-il, que j’écris un libelle. Je pense qu’il