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tion du romancier. Les Micronésiens des Gilbert sont d’une peau plus foncée ; ils parlent une langue particulière, ont des mœurs beaucoup plus rudes. Ils ont une morale moins dépravée, le goût des jeux et de la danse, des coutumes barbares et parfois féroces.

Des Gilbert, Stevenson voulait se rendre aux îles Marshall, puis aux Carolines et finir sa croisière par Manille et les ports de la Chine. À peine en mer, il lui vint l’idée de tirer de l’histoire du brigantin naufragé Wandering Minstrel, la trame d’un roman, Le Naufrageur. Dans son imagination fertile, tout un plan d’avenir germa soudain. Il écrirait son roman. De Samoa, il l’enverrait à un éditeur. Du prix, il achèterait un navire et désormais il vivrait en marchand de la mer du Sud. « Je ne renoncerai jamais à la mer, je crois. Pour un Breton, il n’y a de vie que là. C’est de mon pauvre grand-père que j’ai hérité ce goût, j’imagine : de son vivant il avait parcouru bien des îles ; mais, s’il plaît au ciel, je le battrai à ce jeu avant que la retraite ne sonne. » Le rêve se fixa en une vision de réalité prochaine. Dès lors, on renonça aux voyages aux Mariannes et aux Carolines, à Manille et aux ports de la Chine pour choisir comme point terminus de la navigation les Samoa.

Butaritari, la première des Gilbert, où relâcha le schooner, était au moment de son arrivée en pleins troubles. Les Américains y avaient célébré, neuf jours avant, l’anniversaire de l’Indé-