peete ; les rivières avaient débordé. Les ressources de Stevenson étaient épuisées. Alors Ori réunit une équipe de vaillants Tahitiens et se rendit avec eux en bateau à Papeete. Il en rapporta de l’argent et des provisions, notamment une caisse de champagne que l’on but gaiement, mais quand Ori, qui déclarait qu’il en boirait toute sa vie, en sut le prix, il renversa son verre plein.
— Il n’y a que les rois à qui il soit permis de boire un bon vin si cher, fit-il.
Et il refusa de vider sa coupe désormais.
Enfin, à Noël, on rembarqua pour Honolulu, après avoir fait à Ori les adieux les plus tendres. On avait hâte d’y être : là habitait Mrs Strong, la fille de Mme Stevenson. La traversée fut longue et les Strong désespéraient de voir arriver les voyageurs. Le Casco repartit pour San-Francisco et Stevenson s’installa à Waikiki, à 4 milles de Honolulu, sur la côte, dans une sorte d’immense pavillon. Il avait hâte de terminer Le maître de Ballantraé cédé au Scribner Magazine et qu’il fallait livrer en temps opportun. Il ne le finit qu’en mai. « Le Maître est terminé, écrivait-il, et ce sera encore un naufrage. Je n’ai plus nul goût pour la littérature. » Cet effort l’avait épuisé au point qu’il dut se confiner quelque temps avec sa femme dans un petit cottage. Depuis son arrivée à Hawaï, il voyait beaucoup de monde, depuis le roi Kalakaua, le remarquable folkloriste jusqu’au plus humble des marchands américains.
Ce fut à Honolulu que les ambassadeurs de Ka-