À peine installés à Tautira, les arrivants y furent visités par la princesse Moé, ex-reine de Raiatea, une de ces Tahitiennes bonnes et charmantes que nous a révélées Pierre Loti. Moé était accourue à la nouvelle qu’un blanc se mourait. Elle emmena le malade dans le palais d’Ori et Mme Stevenson n’a cessé de déclarer qu’elle sauva ainsi la vie à son mari.
Malgré le mieux qui ne tarda pas à se produire, il ne pouvait être question de poursuivre la navigation et d’aller visiter les îles voisines : Huahina, Raiatea, Borabora. Le Casco avait dû retourner à Papeete pour y subir des réparations urgentes. Stevenson reprit donc lentement ses forces à Tautira. La science européenne n’y était représentée que par un gendarme français et un prêtre hollandais, le père Bruno. Stevenson habitait une vraie cage d’oiseau à la mode de Tahiti. Son hôte Ori était taillé comme un life-guard. Il l’avait fait adopter par son clan sous le nom de Teriitera et en prenant celui de Rui (Louis)[1]. Ori faisait déployer en son honneur toutes les splendeurs des danses et des vieux poèmes de Tahiti. Sous son influence, Stevenson écrivit ses premières ballades polynésiennes, La fête de la famine et Le chant de Rahero.
Pendant les réparations du Casco, la mauvaise saison était venue. Il régnait des vents défavorables et Tantera ne communiquait plus avec Pa-
- ↑ Il n’y a pas d’L en tahitien.