père Siméon et le frère Michel lui parlèrent tour à tour de la terre natale et de « ces bons indigènes peut-être plus civilisés que nous-mêmes ».
Le 22 août, le Casco remit à la voile pour Taahauku dans l’île de Hiva-oa et là ou à Atuona, la baie voisine, Stevenson passa douze jours. Ensuite vint une escale à Tahiti gagnée par une navigation à travers les atolls des Poumotous. Papeete parut à Stevenson la plus merveilleuse cité du plus merveilleux archipel des mers du midi, mais le romancier était si épuisé que rien ne pouvait lui plaire. Il repartit donc pour faire le tour de l’île et aborda à Taravao dans le voisinage de Tantera. Mme Stevenson mère resta à bord. Stevenson, accablé de fatigue, se fit porter à terre.
En débarquant à Tantera, rapporte Jules Desfontaines, il avait cru mourir : il vomissait le sang à pleine bouche et cet étranger au visage si pâle, si doux, si évangélique, encadré dans sa longue chevelure, arrivant ainsi des pays lointains comme pour mourir à Tahiti, avait tellement ému les indigènes de Tantera qu’ils ne savaient comment lui exprimer leur sympathie. Tous, les uns après les autres, lui rendaient visite et, pour lui être agréable, lui apportaient, qui de la volaille, qui un petit cochon. Il avait reçu des fruits en telle quantité qu’il aurait pu en remplir toute une chambre.
Un Chinois céda un wagon et un couple de chevaux qui emmenèrent Stevenson dans la montagne. Le malade ne se soutenait qu’au moyen de petites doses de coca fréquemment administrées par Mme Stevenson et Valentine Duval, la fidèle servante provençale.