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L’auteur réussit à guérir le petit malade, mais il succomba à son tour au mal. Il était sur la terrible pente qui mène à la phtisie : la fièvre le dévorait. Il avait des périodes d’extinction de voix, des sueurs froides, tous les caractères de la consomption lente. Heureusement Fanny Osbourne venait d’obtenir le divorce : elle était redevenue Fanny Van de Grift. Elle avait désormais la liberté, dont elle devait tant de fois user par la suite, de lui servir de garde-malade. Elle accourut à son chevet.

Thomas Stevenson s’apitoyait d’autre part. Il avait appris toute la vérité sur les causes et les raisons de son voyage. « Il était absurde à Louis, disait-il, de s’affamer lui-même. » Il se disait prêt, sur une demande télégraphique, de lui envoyer telle somme qu’il désirerait.


Ça été un coup terrible pour mon amour-propre que de fléchir, écrivait Stevenson à son ami Baxter, mais voilà : — la chose est faite : il n’y a pas de remède. Si ma santé avait tenu bon un mois de plus, j’aurais pu gagner de quoi vivre un an, mais épuisé, comme je le suis, je n’ai autour de moi que des travaux inachevés. C’est un bonheur que mon père se soit trouvé là, car autrement il m’eût fallu travailler jusqu’à me tuer[1].


En avril, un télégramme de son père lui apprit que sa pension serait élevée désormais à 250 livres par an (6.250 francs). Tous les obstacles étaient levés. Le 19 mai 1880, Robert Louis Stevenson

  1. Cité par Balfour, I, p. 175.