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mystère ? L’être en question est du moins assez pauvre pour appartenir à cette honorable profession.


En quatre jours, parfois, il n’adressait la parole qu’à ses propriétaires et au garçon de restaurant. Perdu dans une ville immense, il n’y prenait guère le temps de lier des connaissances : Williams, le peintre, et sa femme, Charles Warren Stoddard, merveilleux écrivain, qui lui donna ses livres[1] et lui prêta ceux d’Hermann Melville[2], lui révélant ainsi les îles de la mer du Sud qui devait exercer une telle attraction sur le reste de sa vie. Quant à la presse de San-Francisco, elle fut peu accueillante.

Sur les secours de sa famille, Stevenson comptait si peu qu’il fit vendre sa bibliothèque par son ami Baxter. Thomas Stevenson avait fort mal pris, en effet, le départ de son fils. Cependant, quand il le sut malade, il lui envoya vingt livres. Malheureusement la lettre se perdit.

Stevenson avait épuisé ses dernières forces à soigner l’enfant dont parle sa lettre à M. Colvin.

  1. Charles Warren Stoddard est l’auteur de South Seas idylls (1873), The lepers of Molokai (1885). Aucune de ces œuvres n’a encore été traduite en français. Me Bentzon a publié dans la Revue des Deux-Mondes du 1er décembre 1896 une remarquable étude : Un Loti américain : Charles Warren Stoddard.
  2. Hermann Melville a publié en 1846 et 1847 deux récits océaniens Typée et Omoo. Ni l’un ni l’autre ne sont traduits en français, mais nos compatriotes peuvent lire, de Louis Becke, Scènes de la vie polynésienne, traduction Henri Château (Dujarric, 1904), et il convient aussi, à propos des Mers du Sud, de signaler un ouvrage non littéraire mais documentaire d’Eugène Degrave, L’affaire Rorique : Le bagne (Stock).