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l’on montait à cheval. Il était bien rare qu’on ne vît point dans les grandes rues un ou deux chevaux attachés à des piquets, et faisant belle figure avec leur selle mexicaine. Dans une contrée aussi foncièrement mexicaine que Monterey, on trouve non seulement des selles mexicaines, mais encore la véritable équitation du Vaquero, — des hommes galopant à toute bride par monts et par vaux, contournant brusquement les angles les plus aigus, aiguillonnant leurs chevaux par des cris, des gestes violents, des coups de cruels éperons en forme de rondelles, les arrêtant net d’un petit mouvement, ou leur faisant faire un demi-tour complet dans un yard carré… Dans les rues, on entendait parler l’espagnol. Il était difficile de se tirer d’affaire si l’on ne pouvait employer un mot ou deux de castillan. Les seules circonstances où la population se rassemblait étaient des divertissements. Toutes les semaines avait lieu un bal, avec grande étiquette, en plus de nombreux fandangos chez les particuliers. Il y avait un orchestre d’amateurs d’une réelle valeur. Tous les soirs, des gens allaient donner des sérénades dans les rues, tantôt en groupe d’instruments et de chanteurs, tantôt isolément, chaque guitariste devant une fenêtre. C’était chose étrange que de se trouver éveillé dans une Amérique du xixe siècle et d’entendre, aux accompagnements de la guitare, s’élever pendant la nuit un de ces vieux chants d’amour espagnols qui brisent le cœur, modulés tantôt par une voix grave de baryton, tantôt par une de ces voix aiguës, pathétiques, féminines qui sont si fréquentes chez les Mexicains, et qui frappent l’oreille comme un son qui ne serait pas tout à fait humain, mais d’une profonde tristesse[1]. »


Stevenson, un peu reposé, essaya de gagner sa vie en ville en enseignant à lire aux enfants californiens. Il logeait chez un médecin, mais il mangeait au restaurant. Il décrit ainsi son auberge :

  1. R. L. Stevenson, À travers les plaines, p. 179.