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Nous restâmes là un instant, et nous contemplâmes silencieusement Édimbourg.

Eh bien, adieu, dit Alan, en me tendant la main gauche.

— Adieu, dis-je, en lui serrant faiblement la main.

Et nous descendîmes la colline.

Aucun de nous ne regarda l’autre en face, et aussi longtemps qu’il fut en vue, je ne me retournai pas pour regarder l’ami que je quittais.

Mais, en me dirigeant vers la ville, je me sentis si isolé, que je fus sur le point de m’asseoir sur la digue, de pleurer et de gémir comme un petit enfant.

Il était près de midi quand je passai près de la West Kirk (église de l’Ouest) et du Marché au foin, et que je pénétrai dans les rues de la capitale.

La hauteur immense des édifices, qui avaient jusqu’à dix et quinze étages, les entrées étroites et voûtées qui ne cessaient de déverser un flot de passants, les marchandises étalées aux fenêtres des marchands, le vacarme, le mouvement continuel, les odeurs désagréables, les beaux habits et une foule de détails trop minces pour être cités, me plongèrent dans une sorte d’ébahissement, de stupeur, si bien que je me laissais dériver de côté et d’autre au gré de la foule.

Et cependant, je ne cessais de penser à Alan, à l’endroit nommé Repose-toi et remercie.

Pendant tout ce temps, malgré ma résolution de me laisser distraire par ces tableaux et ces nouveautés, je ressentais au dedans de moi une sorte de morsure glaciale comme un remords, de quelque chose qui n’était pas juste.

La main de la Providence me conduisit, dans le hasard de ma marche, à la porte même de la compagnie Britannique des marchands de toile.