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et, le 7 août, sans avoir consulté son père, il s’embarquait sur la Dwinia. C’était un navire d’émigrants, mais Stevenson, pourvu de quelque argent, avait obtenu une cabine de seconde classe où il comptait continuer ses travaux littéraires pendant la traversée. Personne ne le connaissait à bord et à son arrivée à New-York, descendu dans une pension irlandaise à un shelling, il eut le plaisir de voir des jeunes filles lire son livre : il se rengorgea, mais, ô douleur ! bientôt il eut le chagrin de les entendre étouffer leurs bâillements.

Le 30 août, épuisé de fatigue, il arrivait à San-Francisco. Les nouvelles de Mrs Osbourne étaient meilleures. Il fit de nouveau 250 milles pour la voir et alla s’installer sur la masse rocheuse qui avoisine Monterey.


« Monterey était alors une localité formée de deux ou trois rues et de deux ou trois ruelles que la saison des pluies changeait en canaux et qui, en tout temps, étaient creusées de sentiers de quatre ou cinq pieds de profondeur. Il n’y avait point de réverbères dans les rues… Les maisons étaient pour la plupart construites en briques d’adobe non cuites ; beaucoup d’entre elles étaient vieilles pour un pays aussi nouveau ; certaines, de proportions très élégantes, avec des chambres basses, spacieuses, bien faites, des murs si épais que la chaleur de l’été n’arrivait pas à les sécher jusqu’au cœur… Il n’y avait de mouvement qu’autour et à l’intérieur des salons[1], où les gens passaient presque toute la journée à jouer aux cartes… Pour la moindre excursion,

  1. Le salon de Californie c’est le bar, le cabaret et même le mauvais lieu (Voir la Vie au Rancho du Président Roosevelt trad. Savine).