de son imagination, car il continua à rêver jusqu’à ce qu’on nous appelât pour dîner en compagnie de mistress Rankeillor.
Et à peine cette dame nous avait-elle quittés, nous laissant en tête-à-tête avec une bouteille de vin, qu’il se remit à exécuter des variations sur ma proposition :
— Quand et où retrouverais-je mon ami, M. Thomson ? Étais-je assuré de la discrétion de M. Thomson ?
En supposant que nous trouvions le vieux renard en excursion hors du gîte, consentirais-je à telle ou telle condition d’arrangement ?
Ces questions-là et quelques autres, il me les fit à de longs intervalles, tout en dégustant son vin et faisant claquer sa langue d’un air pensif. Quand j’eus répondu à toutes, et à son gré, semblait-il, il retomba dans des réflexions plus profondes, au point d’en oublier son vin.
Alors il prit du papier et un crayon, se mit à écrire en pesant chaque mot, enfin il appuya sur un timbre et fit venir son clerc dans la pièce.
— Torrance, lui dit-il, il faudra m’avoir recopié cela convenablement avant ce soir. Cela fait, vous aurez l’obligeance de prendre votre chapeau et de vous tenir prêt à partir avec ce gentilhomme et moi, car on aura sans doute besoin de vous comme témoin.
— Comment, monsieur, m’écriai-je, dès que le clerc fut sorti, allez-vous risquer la chose ?
— Oui, on le dirait, répondit-il en remplissant son verre. Mais ne parlons plus d’affaires.
La seule vue de Torrance me remet en mémoire une singulière petite affaire.
C’est, il y a quelques années, quand j’eus un rendez-vous avec ce nigaud à la croix d’Édimbourg.