Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/361

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nute, de ne pas dire un mot, en nous disant avec beaucoup d’à propos que le succès de notre entreprise demandait de la hâte et du silence, si bien que d’une chose à l’autre, elle finit par nous débarquer sur le rivage du Lothian, à peu de distance de Carriden.

Nous lui serrâmes les mains, puis elle se rembarqua, reprit les rames pour retourner à Limelkins avant qu’on eût dit un mot du service qu’elle nous avait rendu ou de notre reconnaissance.

Mais, après son départ, nous ne trouvions encore pas une parole.

Et d’ailleurs, il n’y avait pas de mots qui puissent égaler tant de bonté.

Alan seul resta longtemps sur le rivage en secouant la tête.

— C’est une très jolie fille, David, une très jolie fille.

Et moins d’une heure plus tard, comme nous étions couchés dans une horrible auberge sur la côte, et que je sommeillais, il recommença ses tirades élogieuses sur le compte de la jeune fille.

Quant à moi, je ne pouvais rien dire.

C’était une créature si simple que mon cœur était tourmenté à la fois de remords et de crainte ; de remords, parce que nous avions spéculé sur son ignorance et de la crainte que m’inspirait la possibilité de l’avoir entraînée dans les dangers de notre situation.