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— Vous me dites là quelque chose d’étonnant. Et pourquoi ! demandai-je. À quoi cela vous avance-t-il ?

— Bon, dit Alan, en prenant un de ses airs narquois, je me disais que cela nous aiderait à trouver ce bateau.

— Si c’était le contraire, cela serait plus vraisemblable, dis-je

— Voilà ! Vous n’en savez rien, et c’est tout, dit Alan. Je ne demande pas que cette fillette s’éprenne de vous. Il me suffit qu’elle soit apitoyée à votre sujet, David ; et pour en arriver là, il n’est pas du tout nécessaire qu’elle vous trouve beau garçon.

Voyons !

Et il me dévisagea avec attention.

— Je voudrais que vous soyez un brin plus pâle. À cela près vous faites très bien mon affaire. Vous m’avez un de ces airs déguenillés, rapetassés, débraillés, si bien qu’on dirait que vous avez déterré un costume dans un champ de pommes de terre. Venez ; en route pour cette auberge et ce fameux bateau.

Je le suivis en riant.

— David Balfour, dit-il, vous êtes un garçon de beaucoup d’esprit, quand vous le voulez, et c’est évidemment un emploi fort plaisant pour vous. Avec tout cela, si vous tenez quelque peu à mon cou, sans parler du vôtre, vous serez sans doute assez bon pour faire sérieusement votre partie. Je vais jouer un bout de rôle, comme un acteur, et au fond de cette comédie, il y a quelque chose de très sérieux pour nous deux, il y a la potence. Rappelez-vous cela, s’il vous plaît, et comportez-vous en conséquence.

— Bien, bien, je ferai comme vous voudrez.

Dès que nous approchâmes du hameau, il me dit de prendre son bras et de m’appuyer sur lui comme un