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Et pourquoi n’aurait-il pas été gai ? La vie semblait lui sourire. Il avait subi ce qu’il appelle « l’invitation du grand chemin »[1] et il voyageait. Il avait voulu écrire et il écrivait. Son père lui avait constitué un petit patrimoine d’ailleurs rapidement semé par les routes, car sa bourse était celle de ses amis et il ne savait se refuser de commander un tableau à un peintre besogneux s’il avait ou s’il pouvait avoir du talent. La littérature ne lui donnait guère alors qu’une cinquantaine de livres par an. Il avait d’ailleurs fait du chemin depuis ses débuts dans le Portfolio. Il avait abordé successivement les principales revues anglaises, s’opiniâtrant malgré des échecs réitérés. En 1877, il avait commencé à publier des nouvelles. En 1878, c’était son Voyage à l’intérieur des terres, son Édimbourg ; l’année suivante ses Voyages à dos d’âne. Entre temps il travaillait à ses Nouvelles mille et une nuits. L’idée en avait surgi dans les circonstances suivantes. Un ami de Stevenson lui conta un jour l’histoire des handsom cabs dans l’atelier de sa mère à Chelsea. Le même après-midi, le Prince Florizel et le Suicide-club étaient trouvés et d’autres traits, qui furent négligés par la suite. Partie du livre fut

  1. Le mot est de Stevenson lui-même.

    Voici le passage : « Il est un refrain de la nature que personne n’a mis encore ni en paroles humaines ni en musique : on pourrait l’appeler l’invitation du grand chemin. C’est cet air qui murmure sans cesse à l’oreille du bohémien ; c’est sous son inspiration que nos ancêtres nomades errèrent tout le cours de leur vie. »