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Là, on me mit au lit sans retard, et on alla chercher un médecin qui me trouva dans un piteux état.

Mais, soit que ce fût un excellent médecin, soit à cause de ma jeunesse et de ma forte constitution, je ne gardai le lit qu’une semaine, et, moins d’un mois après, j’étais en état de courir les routes avec courage.

Pendant tout ce temps, Alan ne voulut pas me quitter, malgré mes sollicitations fréquentes, malgré la témérité de ce séjour qui était un sujet de vives récriminations, pour les deux ou trois amis qui avaient son secret.

Pendant le jour, il se tenait caché dans un trou de la colline formant un petit bois, et la nuit, quand le terrain était sûr, il venait me voir à la maison.

Je n’ai pas besoin de dire si j’étais charmé de le voir.

Mistress Maclaren, notre hôtesse, trouvait que rien n’était assez bon pour un hôte comme lui ; et comme Duncan Dhu (ainsi se nommait le maître de la maison) avait une paire de fifres, et qu’il était grand amateur de musique, le temps que dura ma convalescence ne fut qu’une série de fêtes et, généralement, nous faisions de la nuit le jour.

Les soldats nous laissèrent tranquilles.

Une fois, il est vrai, un détachement de deux compagnies et de quelques dragons descendit jusqu’au fond de la vallée, où je pus les voir de mon lit par la fenêtre.

Ce qui m’étonna encore plus, ce fut qu’aucun magistrat ne vint me trouver, et qu’on ne me demanda point d’où je venais et où j’allais.

En ce temps d’agitation, je fus aussi peu tourmenté par les enquêtes que si j’avais été dans un désert.

Et pourtant, ma présence fut connue de tout le