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Avant que nous fussions arrivés à un endroit abrité, le gris du ciel s’était fortement éclairci ; sans doute il pleuvait encore, mais les nuages étaient moins bas, et Alan me regardant bien en face, d’un air quelque peu inquiet :

— Vous feriez mieux de me donner votre paquet, me dit-il pour la neuvième fois depuis que nous avions quitté l’espion, après le passage du Rannoch.

— Je vais très bien, je vous remercie, lui répondis-je du ton le plus glacial.

Alan devint pourpre.

— Je ne vous l’offrirai plus, dit-il, je ne suis pas un homme patient, David.

— Je n’ai jamais dit que vous l’étiez, répondis-je, ce qui était tout à fait le langage d’un méchant garnement de dix ans.

Alan ne me répondit pas alors, mais ses façons répondirent pour lui.

À partir de ce moment, on peut bien croire qu’il s’accorda un pardon complet pour l’affaire de chez Cluny, car il mit son chapeau de travers, prit en marchant un air vainqueur, siffla des airs, me regarda de côté avec un sourire provocant.

La troisième nuit, nous devions traverser l’extrémité ouest du pays de Balquidder.

Le temps devint clair et froid, avec je ne sais quoi dans l’air qui nous glaçait. Il souffla un vent du nord qui balaya les nuages et fit briller les étoiles.

Ses torrents étaient gonflés naturellement, et continuaient à mener grand bruit dans les montagnes, mais je remarquai qu’Alan ne pensait plus au Kelpie et qu’il était dans d’excellentes dispositions.

Pour moi, le changement de temps survenait trop tard : j’avais passé tant d’heures dans la boue que mes