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près de mes yeux, qui, troublés comme ils l’étaient par la fièvre, voyaient cette figure d’une grosseur choquante.

Il me demanda de lui prêter mon argent.

— Pourquoi faire ? demandai-je.

— Oh ! ce n’est qu’un emprunt, dit-il.

— Mais pourquoi ? répétai-je, je ne vois pas.

— Oh ! David, dit Alan, vous ne voudriez pas me chicaner pour un prêt.

Je l’aurais fait, certes, si j’avais eu mon sang-froid. La seule chose que je demandai, c’était qu’il retirât sa figure de devant mes yeux, et je lui tendis mon argent.

Le matin du troisième jour, alors que nous étions dans la Cage depuis quarante-huit heures, je me réveillai, éprouvant un mieux très sensible. Il me restait certainement de la faiblesse, de l’accablement, mais je voyais les choses avec leur grandeur naturelle, et sous leur aspect rassurant et familier.

De plus, je me sentais un peu d’appétit.

Aussitôt que nous eûmes déjeuné, je me dirigeai vers l’entrée de la Cage, et je m’assis au dehors à la lisière supérieure du bois.

C’était une journée grise. L’air était d’une douce fraîcheur, et je ne fis que rêver tout le matin, sans autre dérangement que les allées et venues des espions et des serviteurs de Cluny, qui revenaient avec des provisions et des nouvelles.

En effet, comme à ce moment-là, la côte n’était pas surveillée, on pouvait presque dire qu’il tenait cour plénière.

Quand je rentrai, Cluny et Alan avaient laissé leurs cartes de côté. Ils interrogeaient un valet.

Le chef, se tournant vers moi, m’adressa une question en langue gaélique.