Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/300

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Mais, Alan, m’écriai-je, il nous faudra passer au milieu même des soldats.

— Je le sais de reste, dit-il, mais si nous sommes refoulés jusqu’à Appin, nous sommes deux hommes morts. Ainsi, mon ami, David, montrez votre agilité.

En disant ces mots, il se mit à courir à quatre pattes avec une incroyable rapidité, comme si c’était sa manière naturelle d’aller.

Et pendant tout ce temps, il continua à gagner par des détours les parties basses de la lande, qui nous cachaient le mieux.

Quelques endroits avaient été brûlés, ou du moins effleurés par le feu ; il en sortait à notre figure, qui touchait presque le sol, une poussière aveuglante, étouffante, aussi ténue que de la fumée.

Depuis longtemps nous manquions d’eau, et cette façon de courir sur les mains et les genoux occasionne une faiblesse, une fatigue si écrasante, que les articulations vous font souffrir cruellement ; et que les poignets cèdent sous votre poids.

D’espace en espace, il est vrai, se présentait un gros massif de bruyères, où nous pouvions nous allonger quelque temps, reprendre haleine, et en écartant un peu le feuillage, regarder les dragons, en arrière de nous.

Ils ne nous avaient pas aperçus, car ils continuaient à se diriger en avant.

C’était un demi-régiment, à ce qu’il me semble, et ils couvraient deux milles, tout en battant le terrain à fond partout où ils passaient.

Je m’étais réveillé juste à temps. Un peu plus tard, il nous aurait fallu fuir au-devant d’eux, au lieu de nous échapper de côté.