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— Alan, dis-je, vous devriez changer d’habits.

— Non, par ma foi, dit-il, je n’en ai pas d’autres. Et il ferait beau voir que je retourne en France, coiffé d’un bonnet.

Cela me fit songer à une chose : si je pouvais me séparer d’Alan avec ses habits si compromettants, je n’aurais point à craindre d’être arrêté, et je pourrais aller sans crainte à mes affaires.

Ce n’était pas tout : S’il m’arrivait d’être arrêté étant seul, il y avait peu de danger pour moi, mais si je l’étais en compagnie du prétendu meurtrier, mon cas prendrait plus de gravité.

Un mouvement de générosité m’empêcha de dire tout haut ce que je pensais, mais j’y songeais malgré tout.

J’y réfléchis encore davantage, quand le fermier présenta une grande bourse verte, contenant quatre guinées en or, et de la petite monnaie formant plus d’une demi-guinée en tout.

Sans doute c’était plus qu’il ne me restait.

Mais Alan était obligé d’aller en France avec moins de cinq guinées, tandis que n’en ayant pas tout à fait deux, je ne devais pas dépasser Queen’s ferry ; de sorte que tout bien pesé, la société d’Alan n’était pas seulement un danger pour ma vie, mais encore une charge pour ma bourse.

Aucune pensée de cette nature ne s’agitait dans la tête de mon honnête compagnon.

Il était convaincu qu’il me servait, m’aidait, me protégeait.

Que me restait-il donc à faire que de me taire, de ronger mon frein et de me résigner ?

— C’est bien peu, dit Alan en empochant la bourse, mais cela fera mon affaire. Et maintenant, John Breck, si vous voulez bien me rendre mon bouton, ce gentle-