courlis ne cessaient de siffler, et les coucous étaient innombrables.
De l’entrée de la brèche, nous avions vue sur une partie de Mamore, et sur le bras de mer qui sépare ce pays d’avec Appin, et nous dominions tout d’une si grande hauteur, que je ne cessais d’admirer et que je restais assis pour contempler à loisir ce spectacle.
Cette brèche était connue sous le nom de Corrynakiegh.
Bien qu’à raison de son altitude et du voisinage de la mer, elle fût souvent masquée par des nuages, c’était en somme un séjour agréable, et nous y passâmes cinq charmantes journées.
Nous couchions dans la caverne, où nous nous étions fait une couchette avec un tas de bruyères coupées exprès ; nous employions comme couverture le grand manteau d’Alan.
Il y avait un endroit plus bas et caché, à un contour de la brèche, où nous eûmes la hardiesse de faire du feu, afin de nous réchauffer quand le temps était au brouillard, de faire cuire notre bouillie et de griller les petites truites que nous prenions à la main sous les pierres et les rochers qui surplombaient le ruisseau.
C’était notre principale occupation, notre principale distraction.
Cela ne servait pas seulement à ménager nos provisions pour des moments plus difficiles. Nous y mettions une sorte de rivalité qui nous amusait beaucoup.
Nous passions une grande partie de la journée au bord de l’eau, le corps nu jusqu’à la ceinture, et cherchant à tâtons avec les mains pour attraper le poisson.
Le plus gros que nous ayons pris pouvait peser un quart de livre, mais ils étaient bien en chair, de bon