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Je fus ébahi de cette façon de raccourcir les mots et du singulier accent qu’il avait, non moins que de cette singulière habitude de supprimer les h.

Sans doute, j’avais entendu Rançon, mais il avait été en rapport avec toute sorte de gens, et il parlait en somme d’une façon si rudimentaire, que je mettais tout sur le compte de son enfantillage.

Je n’en fus que plus surpris de retrouver ce parler dans la bouche d’un homme fait, et en réalité je ne m’y suis jamais habitué. Je n’ai certes pas réussi complètement à manipuler la grammaire anglaise, et l’œil d’un connaisseur pourrait çà et là en trouver des preuves dans ces souvenirs.

La monotonie et les souffrances de ces heures passées sur le roc ne pouvaient qu’augmenter à mesure que le jour s’avançait.

Le rocher s’échauffait de plus en plus. Le soleil dardait des rayons de flamme.

C’était de l’éblouissement, des nausées, des douleurs aiguës comme celles du rhumatisme qu’il fallait endurer.

Je me souvins alors, comme je m’en suis souvent souvenu dans la suite, de ces deux vers de nos psaumes écossais :

Ni la lune ne te frappera pendant la nuit.
Ni le soleil pendant le jour.

Et vraiment nous ne dûmes qu’à la bonté divine de n’être pas morts d’insolation.

Enfin, vers deux heures, la situation devint intenable pour les forces humaines, et il fallait maintenant résister à la tentation, tout autant qu’il fallait souffrir.

En effet, le soleil étant alors un peu descendu vers l’ouest, il y avait une petite tache d’ombre du côté du