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écartés les uns des autres et ne surveillaient que les endroits où l’on pouvait passer soit à gué, soit en allant d’une pierre à l’autre.

Je ne jetai sur tout cela qu’un coup d’œil, et me hâtai de rentrer la tête.

C’était vraiment un étrange spectacle que cette vallée, si solitaire à l’aurore, et qui à cette heure était hérissée d’armes, et pointillée d’habits et de culottes rouges.

— Vous voyez, David, dit Alan, voilà ce que je craignais c’est qu’ils n’eussent l’idée de garder le côté du ruisseau. Il y a deux heures qu’ils ont commencé à arriver, mais, mon garçon, vous êtes de première force pour dormir. Nous sommes bien à l’étroit. S’ils remontent les pentes de la vallée, ils nous apercevront aisément avec une lunette, mais s’ils se contentent d’occuper le bas, nous pourrons encore nous en tirer. Les postes sont plus clairsemés en aval, et quand il fera nuit, nous essayerons notre adresse à passer entre eux.

— Et que ferons-nous jusqu’à la nuit.

— Nous n’avons qu’une chose à faire, rester ici et laisser rôtir le mouton.

Cette excellente expression écossaise de laisser rôtir le mouton peut résumer la plus grande partie de la journée que nous avions à passer.

Vous vous souvenez sans doute que nous étions allongés sur le sommet nu d’un rocher comme des macarons sur une tôle de four. Le soleil nous grillait sans merci. Le rocher était si échauffé que la main ne pouvait à peine en supporter le contact.

Le petit espace couvert de terre et de fougère, qui conservait davantage de fraîcheur, était à peine suffisant pour une seule personne.