Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/276

Cette page a été validée par deux contributeurs.

suis conduit comme une mazette. Tout d’abord je me suis trompé de route, et cela dans mon propre pays d’Appin, si bien que le jour nous a surpris dans un endroit où nous n’aurions jamais dû être. Grâce à cela, nous voilà ici exposés à quelque danger, et point confortablement installés. Et enfin, la pire de ces deux fautes, pour un homme qui a été aussi longtemps sur la lande que moi, c’est que je suis parti sans me pourvoir d’une bouteille d’eau et nous aurons à passer ici un long jour d’été sans autre chose que de l’eau-de-vie pure. Vous croyez que c’est un détail sans importance, mais, avant la nuit, David, vous m’en direz des nouvelles.

J’étais désireux de me montrer sous un jour plus favorable, et je lui offris, s’il voulait jeter l’eau-de-vie, de descendre, et de remplir la bouteille à la rivière.

— Je serais bien fâché de jeter cette bonne eau-de-vie, dit-il, elle vous a rendu cette nuit un service d’ami. Sans elle, et selon mon pauvre jugement, vous seriez encore perché sur le rocher de là-bas.

Et ce qui est plus encore, ajouta-t-il, vous avez pu observer, vous qui êtes un homme doué d’une grande perspicacité, qu’Alan Stewart marchait peut-être un peu plus vite qu’à son ordinaire.

— Vous ! m’écriai-je, vous couriez à vous crever.

— Vraiment, je courais tant que cela ? Eh bien, alors, vous pouvez être certain qu’il n’y avait pas une minute à perdre ; j’en ai assez dit pour le moment. Dormez, mon garçon, je veillerai.

Je m’allongeai donc pour dormir.

Un peu de terre tourbeuse avait glissé d’entre les deux rochers, et il y poussait quelques brins d’herbe, qui me servirent de lit.

La dernière chose que j’entendis, ce furent les cris des aigles.