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— C’est bien dur pour moi, qui l’ai amené ici, James, dit-il, en rejetant sa tête en arrière. J’ai l’air de l’avoir trahi.

— Maintenant, Alan, mon ami, s’écria James, regardez les choses en face ; quoi qu’il arrive, il sera signalé. Mungo Campbell ne manquera pas de répandre son signalement. Qu’importe que je le signale, de mon côté. Et puis je suis un père de famille, Alan. Enfin…

Et alors tous deux se regardèrent en silence.

— Alan, le jury sera composé des Campbells, reprit-il.

— Il y a une chose certaine, dit Alan, rêveur. C’est que personne ne sait son nom.

— Et ils ne le sauront pas, Alan. Voici ma main, s’écria James, comme si, après tout, il savait mon nom et qu’il se donnât ainsi quelque avantage. Mais il y aura cet habit qu’il portait tout à l’heure, l’apparence qu’il avait, son âge, et d’autres choses de ce genre. Je ne pourrai guère faire moins.

— J’admire le fils de votre père, s’écria Alan avec hauteur. Voudriez-vous vendre ce jeune garçon grâce à un présent de vous. Lui donneriez-vous d’autres habits pour le trahir ensuite ?

— Non, non, Alan, dit James, l’habit qu’il a quitté, l’habit que lui a vu Mungo.

Mais je lui trouvai l’air plus abattu.

En réalité il se raccrochait au moindre brin de paille et pendant tout ce temps, je puis dire qu’il vit les figures de ses ennemis héréditaires au siège du juge, et sur les bancs du jury, avec la potence comme fond du tableau.

— Eh bien ! me dit Alan en se tournant vers moi, que dites-vous de cela ? Vous êtes ici sous la sauvegarde de mon honneur, et il m’appartient de veiller