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l’expérience ; si on les avait lus, eh bien ! c’est que je n’avais point encore appris à écrire, et il me fallait continuer à apprendre et à vivre[1]. »


Une des plus fortes influences qui agirent alors sur Stevenson fut celle de Walt Whitman. Le jour où il avait découvert les Leaves of Grass avait été pour lui un jour heureux entre tous.


« Ce livre, écrivait-il plus tard, ce livre devrait être dans les mains de tous les parents et de tous les tuteurs comme un spécifique contre l’angoissante maladie de la 17e année. La chlorose cède à ce traitement comme à un charme magique et la jeunesse, après une courte séance de lecture, cesse de porter le monde sur ses épaules. »


Puis ce fut la trouvaille d’Herbert Spencer.


« Très peu de temps après avoir découvert Whitman, dit-il ailleurs, je tombai sous l’influence d’Herbert Spencer. Il n’y a pas de Rabbi plus persuasif : il en est peu de meilleurs. Son langage, s’il est sec, est toujours viril et honnête. Il règne dans ses pages un esprit de joie hautement abstraite, aussi dépourvu de vêtements qu’une formule algébrique, mais joyeux tout de même. Le lecteur y trouvera un résidu de piété, qui en aura presque perdu tout le charme, mais en aura gardé les parties essentielles, et ces deux qualités font de lui un écrivain sain, de même que sa vigueur intellectuelle fait de lui un écrivain fortifiant. Je me rapprocherais beaucoup du chien si je cessais d’être reconnaissant envers Herbert Spencer[2]. »


Ayant tant lu et si peu consacré de son temps aux études inscrites au programme, il ne faut, dès

  1. Reflections and remarks on human life, p. 41 (cité par Balfour).
  2. R. L. Stevenson, Later Essays, p 279.