et inhabitées, comme la contrée où j’étais condamné à errer avec mon compagnon.
Pendant ce repos, pris pendant notre marche vers Aucharn, nous nous contâmes l’un à l’autre nos aventures et je vais redire celles d’Alan qu’il me semble curieux ou nécessaire de faire connaître.
Il paraît qu’il courut aux bordages dès que la lame fut passée, me vit, me perdit de vue, me revit de nouveau, quand je tombai à la mer, et enfin me revit encore cramponné à la vergue.
Ce fut là ce qui lui fit espérer que je réussirais, en somme, à gagner la terre, et le décida à laisser derrière lui ses renseignements et ses messages qui, pour mes péchés, m’avaient amené dans ce malchanceux pays d’Appin.
Pendant ce temps, les gens de l’équipage étaient parvenus à mettre le canot à la mer, un ou deux d’entre eux étaient déjà embarqués quand arriva une seconde lame encore plus haute que la première.
Elle souleva le brick et l’eût certainement fait couler à pic, s’il n’avait donné contre une pointe de rocher qui le retint.
La première fois, il avait reçu la lame à l’avant, de sorte que la poupe se trouvait jusqu’alors en bas ; cette fois, ce fut l’arrière qui fut lancé en l’air et fut plongé dans la mer.
Alors l’eau entra à grands flots par l’écoutille d’avant, comme par l’écluse d’un moulin.
Rien qu’à en parler, Alan pâlissait de nouveau, quand il raconta ce qui s’ensuivit. Car il restait deux hommes hors d’état de remuer, étendus dans leurs cadres. Ceux-ci, en voyant l’eau tomber à grands flots, crurent que le vaisseau avait coulé et se mirent à crier de toute leur force, et leurs cris étaient si lamentables