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fût seulement la seconde fois que je voyais les troupes du roi George, je ne les vis pas d’un bon œil.

Enfin nous arrivâmes vers l’endroit où commence le Loch Leven, et je demandai à débarquer là.

Mon batelier, qui était un bon garçon, et tout disposé à tenir la promesse qu’il avait faite au catéchiste, n’eût pas demandé mieux que de me conduire jusqu’à Ballachulish, mais comme cela m’eût amené plus loin que ma mystérieuse destination, j’insistai et je débarquai enfin sur la lisière du bois de Lettermore ou Lettervore, car je l’entends désigner de ces deux manières dans Appin, le pays d’Alan.

C’était un bois de bouleaux qui poussait sur la pente raide et accidentée d’une montagne qui dominait le Loch.

Il y avait bien des clairières et des espaces couverts de fougères. Une route, ou plutôt une piste de chevaux le traversait du nord au sud.

Je m’assis sur la crête de la montagne, tout près d’un ruisseau, pour manger le peu de pain d’avoine de M. Henderland, et réfléchir à ma situation.

Là je fus tourmenté non seulement par une nuée de moustiques piquants, mais bien plus encore par les hésitations qui surgissaient dans mon esprit.

Que devais-je faire ?

Pourquoi devenir le compagnon d’un outlaw, d’un homme dont l’occasion pouvait faire un meurtrier ?

Ne serait-ce pas agir en homme de sens que de me rendre à pied, tout droit, dans le Sud, sans autre guide que moi-même, à mes frais ?

Que penseraient M. Campbell et M. Henderland si jamais ils venaient à apprendre ma folie et ma présomption ?