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J’étais sur le point de sourire, depuis l’affaire du tabac à priser, mais il ne parla pas longtemps sans me faire venir les larmes aux yeux.

Il y a deux choses dont les hommes ne devraient jamais se lasser, la bonté et l’humilité.

Nous ne les rencontrons jamais en surabondance dans ce rude monde, parmi les gens froids et orgueilleux. Mais ces deux qualités semblaient s’exprimer par la bouche de M. Henderland.

Et, bien que je fusse visiblement enflé de mes aventures, et que je marchasse, comme on dit : enseignes au vent, je ne tardai pas à me trouver à genoux près du simple et pauvre vieillard, et j’étais encore heureux et fier de me trouver ainsi.

Avant le coucher, il m’offrit, pour m’aider à faire mon voyage, six pence qu’il préleva sur une petite somme placée dans un trou du mur de gazon de sa maison.

Devant cet excès de bonté, je ne sus que faire.

Mais il me parlait d’un ton si convaincu que je crus plus humain de céder à son désir, en sorte qu’en le quittant, je le laissais plus pauvre que je ne l’étais moi-même.


CHAPITRE XVII

LA MORT DU « RENARD ROUGE »


Le lendemain, M. Henderland me trouva un homme qui possédait un bateau et qui devait dans l’après-midi traverser le Loch Linnhe dans la direction d’Appin, en pêchant.