position, car je n’étais pas très pressé de voir John à la claymore, et depuis ma double mésaventure, d’abord avec le guide, ensuite avec le gentleman patron de barque, je redoutais tout Highlander inconnu.
En conséquence, nous échangeâmes une poignée de main pour conclure l’affaire, et nous arrivâmes dans l’après-midi à une petite maison isolée sur les bords du Loch Linnhe.
Le soleil avait déjà quitté les montagnes désertes d’Ardgour du côté de l’Occident, mais éclairait celles d’Appin situées un peu plus loin.
Le Loch était aussi calme qu’un lac, sans les mouettes qui poussaient leurs cris sur ses bords, et tout ce pays avait un air solennel et étrange.
À peine étions-nous arrivés à la porte de M. Henderland qu’à ma grande surprise (car j’étais maintenant habitué à la politesse des Highlanders), il s’élança en me bousculant un peu, entra en coup de vent dans la chambre, saisit un pot de faïence et une petite cuillère de corne, et se mit à se fourrer dans le nez une quantité extraordinaire de tabac.
Alors il eut une forte quinte d’éternument et jeta autour de lui un regard assez niais.
— C’est un vœu que j’ai fait, dit-il. J’ai fait vœu de n’en jamais porter sur moi. Sans doute, c’est une grande privation, mais quand je songe aux martyrs, non seulement à ceux du Covenant d’Écosse, mais encore à ceux des autres dogmes du Christianisme, je trouve honteux d’y penser.
Et dès que nous eûmes mangé (la bouillie et le petit lait formaient le fond de la nourriture du brave homme), il prit un air grave, et il me dit qu’il avait un devoir à remplir envers M. Campbell, et que ce devoir consistait à s’enquérir de l’état de mon âme en présence de Dieu.