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entendre de nouveau, et après avoir découvert que nous étions compatriotes, nous nous trouvâmes liés par un trait d’union plus intime encore.

En effet, mon cher ami, le ministre d’Essendean, avait, dans ses moments de loisir, traduit en gaélique nombre d’hymnes et de livres de piété, dont Henderland faisait usage dans sa prédication, et qu’il estimait beaucoup.

Et c’était un de ces livres-là qu’il portait et lisait quand nous nous rencontrâmes.

Nous voyageâmes dès lors de compagnie, car nous devions aller ensemble jusqu’à Kingairloch.

Chemin faisant, il s’arrêtait pour adresser la parole à tous les passants ou travailleurs que nous rencontrions, ou que nous rejoignions.

Bien que, naturellement, je ne puisse dire quel était le sujet de leurs conversations, je pus néanmoins m’apercevoir que M. Henderland était fort aimé dans ce pays, car je vis un grand nombre de ces gens tirer leur tabatière et lui offrir une prise.

Je lui parlai de mes affaires autant que la prudence me le permettait, c’est-à-dire jusqu’au moment où Alan n’y jouait aucun rôle.

Je lui indiquai Balachulish comme le but de mon voyage, où je devais trouver un ami ; car je pensai qu’en lui nommant Aucharn, ou même Duror, je préciserais trop et pourrais le mettre sur la piste.

De son côté, il me parla en détail de son œuvre, et des gens au milieu desquels il travaillait, des prêtres qui se cachaient, des Jacobites, de l’acte de désarmement, du costume et de maintes autres curiosités de ces temps et de ces contrées.

Il avait l’air modéré, blâmait le Parlement sur plusieurs points, particulièrement sur les articles qui pu-