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Je n’étais pas seulement mécontent de mon logement, mais je l’étais de la maladresse que j’avais commise envers Neil, et je pensais qu’il eût pu en résulter pire.

Mais il ne se passa pas longtemps avant que je m’aperçusse de mon erreur.

Il y avait moins d’une demi-heure que j’étais à l’auberge, restant presque tout le temps sur le seuil, parce que la fumée de tourbe me faisait mal aux yeux, quand un orage éclata dans le voisinage. Les torrents s’enflèrent soudain sur la petite hauteur où était bâtie l’auberge, et une partie de la maison devint un ruisseau d’eau courante.

Les endroits où le public se réunit étaient à cette époque assez peu confortables dans toute l’Écosse, mais je n’en fus pas moins surpris de me voir obligé de quitter le coin du feu pour trouver mon lit, en marchant dans l’eau plus haut que mes souliers.

Le lendemain, je me remis en route de très bonne heure, et je rejoignis un homme de petite taille, gros, solennel, qui marchait très lentement, la pointe des pieds en dehors.

Parfois il lisait un livre, puis y marquait la place où il s’arrêtait avec son doigt.

Il était vêtu proprement et simplement d’un costume qui rappelait celui d’un homme d’église.

Je reconnus que c’était encore un catéchiste, mais d’une catégorie tout autre que celle de l’aveugle de Mull.

C’était, en effet, un de ceux que la société d’Édimbourg pour la propagation des connaissances chrétiennes, envoyait évangéliser les Hautes-Terres les plus sauvages.

Il se nommait Henderland.

Il parlait la forte langue du Sud, que je désirais bien