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le bouton d’Alan, mais il était clair qu’il ne l’avait jamais vu, et n’avait point entendu parler de lui. À vrai dire, il témoignait quelque mauvais vouloir à l’égard de la famille et des amis d’Ardshiel, et avant d’être gris, il me lut une épigramme en très bon latin, mais d’un sens très malveillant, qu’il avait composée en vers élégiaques sur quelqu’un de cette maison.

Quand je lui parlai de mon catéchiste, il secoua la tête et me dit que j’avais de la chance en me débarrassant de lui.

— C’est un homme très dangereux, me dit-il, il se nomme Duncan Mackiegh ; il peut tirer un coup de feu à plusieurs yards de distance, en visant d’après le son. Il a été souvent accusé d’arrestations sur la grande route et une fois d’un assassinat.

— Le plus curieux dans tout cela, dis-je, c’est qu’il s’intitule catéchiste.

— Pourquoi pas ? répondit l’hôte. Si cela consiste à faire ce qu’il fait. C’est Maclean de Duart qui lui a donné ce nom parce qu’il était aveugle. Mais c’est peut-être un malheur, car il est toujours en route, allant d’un endroit à l’autre pour entendre les jeunes gens parler de leur religion, et sans doute c’est une grande tentation pour le pauvre homme.

Enfin, quand mon aubergiste fut hors d’état de boire davantage, il me montra un lit, et je m’endormis très content. J’avais parcouru la plus grande longueur de cette île tortueuse de Mull, depuis Earraid jusqu’à Torosay, cinquante milles à vol d’oiseau, c’est-à-dire près de cent milles, en y comptant le chemin fait sur la bonne route, en quatre jours, sans grande fatigue.

Et vraiment j’étais dans un bien meilleur état de corps et d’esprit à la fin de cette longue marche à pied que quand je m’étais mis en route.