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Je dormis mal cette nuit, par crainte d’être volé, mais j’aurais pu m’épargner ce souci ; mon hôte n’était point un voleur, mais tout simplement d’une pauvreté extrême et très carottier.

Il n’était pas le seul pauvre de sa sorte, car le lendemain matin nous dûmes aller à cinq milles pour trouver la maison d’un riche, comme il disait, pour faire changer une de mes guinées.

C’était peut-être un riche à Mull. Dans le Sud il eût malaisément passé pour tel, car il lui fallut prendre tout ce qu’il avait, mettre la maison sens dessus dessous et recourir à un voisin pour réunir vingt shellings en argent.

Quant au shelling de différence, il le garda pour lui, alléguant qu’il lui était bien difficile d’avoir une aussi grosse somme, enfermée sous clef.

Néanmoins il se montra très courtois et très prévenant dans son langage, il nous fit asseoir à table avec sa famille pour dîner, et nous prépara du punch dans un beau bol en porcelaine, ce qui mit mon guide si bien en train qu’il refusa de partir.

Je commençais à me fâcher.

J’en appelai au richard, qui se nommait Hector Maclean, qui avait été témoin de notre marché et du paiement des cinq shellings fait par moi.

Mais Maclean avait pris à cœur son punch, et il jura que personne ne se lèverait de table avant que le punch ne fût prêt.

Il n’y avait donc d’autre parti à prendre que de s’asseoir et d’écouter des toasts jacobites et des chants en gaélique, jusqu’à ce que tous fussent pris de boisson et allassent trouver leur lit ou leur grange pour passer la nuit.

Le jour suivant, qui était le quatrième depuis mon