fant indocile, j’arrachai le gazon avec mes ongles, je frottai ma figure contre terre.
Si on pouvait, d’un simple désir, tuer un homme, ces deux pêcheurs n’auraient pas vécu jusqu’au matin suivant, et selon toute probabilité je serais mort sur mon île.
Quand ma colère me laissa un peu de repos, il me fallut manger encore, mais le menu m’inspira un dégoût si profond que je ne pus qu’à grand’peine le surmonter.
Et assurément j’eusse mieux fait de ne pas manger, car ces coquillages m’empoisonnèrent de nouveau.
Je ressentis les mêmes douleurs que la première fois.
Ma gorge était si enflammée que je pouvais à peine avaler.
J’eus un accès de frissons subits qui fit claquer mes dents, et auquel succéda cette terrible sensation de malaise que nous ne pouvons exprimer ni en écossais, ni en anglais.
Je croyais que j’allais mourir. Je me réconciliai avec Dieu. Je pardonnai aux hommes, même à mon oncle et aux pêcheurs, et aussitôt que j’eus ainsi fait et que je me fus résigné au pire, la clarté revint dans mon esprit.
Je remarquai que la nuit ne serait pas pluvieuse. Mes habits étaient bien prêts d’être secs, et vraiment je me sentais dans de meilleures dispositions qu’auparavant, quand j’avais atterri sur l’île, si bien que je finis par m’endormir avec une pensée de reconnaissance.
Le lendemain, qui était le quatrième jour de mon horrible existence, je trouvai que ma force physique avait bien diminué, mais le soleil brillait, l’air était doux, et les coquillages, que je parvins à avaler, ne me firent aucun mal et ranimèrent mon courage.