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et partagé entre la crainte et l’espoir de voir apparaître quelque créature humaine.

Or, d’un endroit situé un peu au-dessous du point culminant, du côté de la baie, je découvrais la grande et antique église, et les toits des maisons d’Iona dans une autre direction. Par-dessus les terres basses de Ross, je voyais la fumée monter le matin et le soir, indiquant la présence d’une habitation dans une partie du sol située en bas.

J’avais pris l’habitude de contempler cette fumée, quand j’étais mouillé et transi de froid, quand la solitude me troublait à moitié l’esprit. Alors je pensais au foyer flambant et à la société, jusqu’à ce que mon cœur s’échauffât.

Les toits d’Iona me faisaient la même impression.

D’ailleurs, cette vue que j’avais sur des créatures humaines, sur des séjours confortables, bien qu’elle ajoutât un aiguillon à mes souffrances, entretenait du moins l’espérance et m’encourageait à avaler mes coquillages, qui n’avaient pas tardé à me dégoûter. Elle me délivrait du sentiment d’horreur qui m’envahissait dès que je me retrouvais face à face avec les rochers morts, les oiseaux, la pluie et la mer glacée.

Je dis qu’elle entretenait l’espérance. En vérité, il me semblait impossible que je fusse condamné à mourir abandonné sur les rivages de mon propre pays, dans un endroit d’où on apercevait un clocher d’église et la fumée des habitations humaines.

Mais le second jour se passa.

Tant qu’il avait fait clair, j’avais surveillé d’un regard attentif pour apercevoir des bateaux dans le détroit ou les hommes passant sur le Ross. Aucun secours n’apparut dans ma direction.