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nuit-là entre deux éboulis qui formaient une sorte de toit, j’avais les pieds dans une flaque de boue.

Le second jour, je parcourus l’île dans tous les sens.

Il n’y avait pas d’endroit plus favorable l’un que l’autre : c’était partout la désolation, partout des rochers. Il n’y avait pas d’autres êtres vivants que des oiseaux sauvages que je n’avais pas les moyens de tuer, et les mouettes, qui, en nombre prodigieux, hantaient les rochers de la côte.

Mais la crique ou le détroit qui séparait l’île d’avec la terre ferme de Ross, s’élargissait au nord en une baie, qui s’ouvrait en face du détroit d’Iona.

Ce fut aux environs de cet endroit que j’établis mon séjour.

Et, pourtant, à la seule pensée d’un séjour à faire dans un tel lieu, j’aurais éclaté en larmes.

J’avais de bons motifs pour ce choix.

Il y avait dans cette partie de l’île une espèce de petite hutte semblable à une écurie à porcs, où les pêcheurs dormaient, la nuit, quand ils venaient exercer leur métier ; mais son toit de tourbe était tombé tout entier, de sorte que cette hutte ne m’était d’aucune utilité et ne m’abritait pas mieux que mes rochers.

Ce qui importait davantage, c’était que les coquillages, qui me servaient de nourriture, y étaient bien plus abondants.

Lorsque la marée était basse, je pouvais en ramasser une quantité à la fois, et c’était certainement un avantage.

Mais j’avais un autre motif plus sérieux.

Je ne pouvais en aucune manière m’accoutumer à l’horrible solitude de l’île ; je ne faisais que me retourner de tous côtés, comme un homme poursuivi