Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/208

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Là-dessus je repris, prêt à une nouvelle lutte, ma route, vers le sommet de l’île, pour la retrouver et la rapporter.

C’était un trajet fatigant à tous les points de vue, et si l’espoir ne m’avait pas soutenu, je me serais jeté à terre, renonçant à la partie.

Soit par l’effet de l’eau de mer, soit parce que j’avais un peu de fièvre, j’étais tourmenté par la soif, et il me fallut m’arrêter dans ma marche et boire de l’eau bourbeuse qui remplissait les creux.

Enfin j’arrivai à la baie, plus mort que vif.

Au premier coup d’œil, je m’aperçus que la vergue était plus loin que l’endroit où je l’avais laissée.

Et, pour la troisième fois, je m’avançai dans la mer.

Le sable était lisse, ferme et descendait en pente douce, de sorte que je pus marcher jusqu’à ce que l’eau arrivât à la hauteur de mon cou, et que les petites vagues clapotèrent sur ma figure, mais à cette profondeur j’allais perdre pied, et je n’osai pas aller plus loin.

Quant à la vergue, je la voyais se balancer doucement à une vingtaine de pieds de moi.

J’avais tenu bon jusqu’à ce dernier désappointement.

Aussitôt de retour à terre, je me jetai sur le sable et je pleurai.

Le temps que je passai sur l’île éveille encore en moi de si horribles souvenirs, que je ne dois pas m’y attarder.

Dans tous les livres que j’avais lus et où il était question de gens jetés à la côte, tantôt ils avaient les poches pleines d’outils, tantôt la mer jetait sur le rivage, comme si elle le faisait exprès, une caisse remplie d’objets.