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breux, comme s’ils avaient été semés sur notre route même, et M. Riach nous criait de temps à autre de changer de direction.

Parfois il nous avertissait quand il n’était que bien juste temps de le faire.

Un certain brisant se montra si près du bord du côté du vent, que quand une vague y tomba, une frange d’écume très légère tomba sur le pont, et nous mouilla comme une pluie.

La clarté de la nuit nous montrait ces dangers aussi nettement que le grand jour, ce qui était peut-être plus alarmant.

Grâce à elle aussi, je pus voir la figure du capitaine, debout près de l’homme de barre, se balançant tantôt sur un pied, tantôt sur l’autre, parfois soufflant dans ses mains, mais toujours aux écoutes, l’air aussi ferme que s’il eût été d’acier.

Ni lui, ni M. Riach ne s’étaient montrés bien brillants dans la bataille, mais je vis qu’ils étaient courageux dans leur profession, et je les admirai d’autant plus, que je trouvais Alan fort pâle.

— Oh ! Oh ! David, me dit-il. Ce n’est pas le genre de mort qui m’irait.

— Comment ? Alan ? lui criai-je. Est-ce que vous auriez peur.

— Non, me dit-il en se mouillant les lèvres, mais vous conviendrez que c’est une mort bien froide.

À ce moment, comme nous prenions des embardées tantôt d’un côté tantôt d’un autre pour éviter un brisant, toujours en serrant de près le vent et la terre, nous avions doublé Iona et déjà nous longions les côtes de Mull.

La marée montait très forte vers l’extrémité de la terre et secouait le navire.