Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/198

Cette page a été validée par deux contributeurs.

grande vitesse, toujours poursuivi par la houle de l’ouest.

En somme, ce n’était pas un mauvais temps pour tenir la mer au large pendant la nuit, et je commençais à me demander pourquoi le capitaine se montrait aussi soucieux, quand le brick, se dressant soudain sur le sommet d’une haute vague, il nous montra une direction en nous criant de regarder.

À quelque distance sous le vent, on eût cru voir une source qui jaillissait dans la mer éclairée par la lune ; aussitôt après nous entendîmes un grondement sourd.

— Comment appelez-vous cela ? demanda le capitaine d’un air sombre.

— C’est la mer qui se brise sur un récif, dit Alan. Maintenant vous savez où il est. Et que vous faut-il de plus ?

— Ah ! oui, dit Hoseason, s’il n’y avait que celui-là ?

Et au moment même où il parlait, une seconde source apparut vers le sud.

— Vous voyez, dit Hoseason, vous vous en rendez compte vous-même. Si j’avais entendu parler de ces récifs, si j’avais une carte, ou s’il me restait Shuan, ce n’est pas pour soixante guinées, non, ni même pour six cents que vous m’auriez décidé à risquer mon brick sur un pareil pavé. Mais vous, monsieur, vous qui deviez nous piloter, n’avez-vous pas un mot à dire ?

— Je crois bien, dit Alan, que c’est là ce qu’on appelle les rochers de Torran.

— Y en a-t-il beaucoup ? demanda le capitaine.

— À vrai dire, monsieur, répondit Alan, je ne suis point pilote, mais je crois me rappeler qu’il y en a comme cela pendant dix milles.

M. Riach et le capitaine échangèrent un regard.