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bonne volonté naturelle à Ardshiel, offrirent un revenu plus élevé qu’aucun des Campbell qui se trouvent dans toute l’Écosse, et pourtant il en envoya chercher bien loin, jusque sur les bords de la Clyde, et vers la croix d’Édimbourg, les priant, les suppliant de venir, puisqu’il y avait un Stewart à faire crever de faim, et un chien de Campbell à tête rouge à servir.

— Eh bien, Alan ! dis-je, voilà une étrange histoire, et bien belle aussi, et tout Whig que je sois, je suis content que l’homme ait été déjoué.

— Déjoué ? répéta Alan, vous ne les connaissez guère les Campbell, et vous connaissez encore moins le Renard Rouge. Lui battu ? il ne le sera jamais, tant que son sang n’aura pas arrosé les flancs des collines. Mais s’il arrive qu’un jour j’aie le temps et le loisir de chasser, David, mon garçon, il ne pousse pas assez de bruyère dans toute l’Écosse pour le dérober à ma vengeance.

— Ah ! mon cher Alan, dis-je, ce n’est ni sage, ni très chrétien que de laisser échapper tant de paroles de colère. Elles ne feront aucun mal à l’homme que vous appelez le Renard Rouge et à vous-même elles ne servent de rien. Racontez-moi simplement la chose ; que fit-il ensuite ?

— C’est une bonne observation, David, dit Alan. C’est la vérité vraie que cela ne lui nuira pas, et c’est malheureux. Mais pour ce que vous avez dit d’être chrétien, je le suis autrement que vous, sans cela je ne serais pas chrétien. À part cela, je pense tout à fait comme vous.

— Que vous ayez une opinion, que j’en aie une autre, dis-je, je sais du moins que le Christianisme interdit la vengeance.

— Oui, dit-il. On voit bien que vous avez reçu les leçons d’un Campbell. Ce monde-ci serait tout à fait agréable pour eux et ceux de leur espèce, s’il n’y avait