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tu et à toi avec Sheamus, c’est-à-dire avec James des Vaux, l’agent de mon capitaine. D’un mot à l’autre, il parvient à savoir tout ce que je vous ai raconté, comment les pauvres gens d’Appin, les fermiers, les loueurs de terres, les tenanciers tordent jusqu’à leurs plaids pour en tirer une seconde redevance, et l’envoyer outre-mer à Ardshiel et à ses pauvres petits. Comment donc avez-vous appelé cela, quand je vous en ai parlé ?

— Je vous ai dit, Alan, que c’était se conduire avec noblesse.

— Et vous n’êtes guère plus qu’un Whig ordinaire, s’écria Alan, mais quand Colin Roy le sut, le sang impur des Campbell s’alluma aussitôt de fureur. Il grinçait des dents quand il était assis devant sa bouteille de vin. Comment ! Un Stewart aurait un morceau de pain à manger, et il ne pourrait rien faire pour l’en empêcher ? Ah ! Renard Rouge, si jamais je vous tiens au bout de mon fusil, que Dieu ait pitié de vous !

Alan s’arrêta pour avaler sa colère.

— Eh bien, David, savez-vous ce qu’il fait ? Il déclare que toutes les fermes sont à louer. « Ah ! se dit-il dans le fond noir de son cœur, je trouverai bientôt d’autres tenants qui offriront une redevance plus élevée que ces Stewarts, ces Maccolls, ces Macrobs. » Tous ces noms-là, David, ce sont des noms de mon clan, et alors, se dit-il, il faudra qu’Ardshiel tende son bonnet aux passants sur les routes de France.

— Alors, dis-je, que se passa-t-il ?

Alan posa sa pipe que, depuis longtemps, il avait laissé éteindre, et mit ses mains sur ses genoux.

— Ah ! dit-il, vous ne le devineriez jamais : ces mêmes Stewarts, ces Maccolls, ces Macrobs, qui avaient deux redevances sur les bras, l’une qu’ils payaient par force au roi George, et l’autre qu’ils payaient par