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En ces jours-là, si rapprochés des derniers moments de la grande insurrection, on avait besoin de bien savoir ce qu’on faisait avant de s’engager dans la lande.

Ce fut moi qui commençai en lui narrant tout mon malheur.

Il écouta mon récit avec une grande bonhomie, excepté quand je vins à parler de mon excellent ami, M. Campbell, le ministre.

Alan prit feu aussitôt et me cria qu’il détestait tout ceux qui portaient ce nom.

— Pourquoi ? lui demandai-je. C’est un homme à qui vous seriez fier de donner la main.

— Je ne vois rien que je puisse donner à un Campbell, dit Alan, à moins que ce ne soit une balle de plomb. Je voudrais faire la chasse à tous ceux de ce nom comme à des coqs de bruyère. Et si j’étais à l’article de la mort, je me traînerais sur mes genoux jusqu’à ma fenêtre pour tirer sur eux.

— Quoi, Alan ! m’écriai-je, que vous ont donc fait les Campbell ?

— Eh bien, me répondit-il, vous savez parfaitement que je suis un Stewart d’Appin, et pendant longtemps les Campbell ont tracassé et pillé ceux de mon nom. Oui, ils nous ont pris de bonnes terres par trahison, jamais à la pointe de l’épée, non, cria-t-il de toute sa force, en même temps qu’il laissait tomber son poing sur la table.

Mais je ne fis guère attention à cela. Je savais bien que ceux qui ont le dessous tiennent généralement ce langage.

— Ce n’est pas tout, il y a pire, reprit-il, et c’est toujours la même histoire, des paroles menteuses, des papiers menteurs, des tours bons pour un rétameur