Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/185

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Or, pour se rendre de là au loch Linnhe, la route la plus directe passait par les goulets du détroit de Mull.

Mais le capitaine n’avait pas de carte ; il redoutait de pousser son brick aussi avant parmi les îles, et comme le vent était favorable, il avait préféré prendre par l’ouest de Tiree et arriver par la côte méridionale de la grande île de Mull.

Pendant tout le jour, la brise souffla dans la même direction et prit de la force au lieu de tomber.

Vers l’après midi, une houle commença à se dessiner, contournant les îles extérieures du groupe des Hébrides.

Naturellement pour doubler les îles intérieures, il fallait aller au sud-ouest, de sorte que tout d’abord nous avions cette houle sur notre cabrion, et nous éprouvions un fort roulis.

Mais après la tombée de la nuit, quand nous eûmes doublé l’extrémité méridionale de Tiree et comme nous allions piquer plus droit vers l’est, la mer vint à nous en poupe.

Jusqu’à présent, c’est-à-dire pendant la première partie de la journée, avant qu’arrivât la houle, le temps avait été fort agréable. Nous naviguions alors par un beau soleil, et nous apercevions de différents côtés un grand nombre d’îles montagneuses.

Alan et moi, nous étions assis dans la dunette, les deux portes ouvertes, et nous fumions une pipe ou deux du bon tabac du capitaine.

C’est à ce moment-là que nous nous racontâmes notre histoire l’un à l’autre.

C’était important surtout pour moi, car j’acquis ainsi une connaissance plus détaillée de cette sauvage contrée des Highlands sur laquelle je mettrais bientôt le pied.