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bord de la mer, soixante si vous m’amenez au loch Linnhe.

— Mais voyez, monsieur, où nous sommes. Il n’y a que quelques heures de navigation jusqu’à Ardnamurchan, dit Hoseason, donnez-en soixante et je vous y mènerai.

— Oui, que j’aille user mes braies et me risquer au beau milieu des habits rouges pour vous être agréable ! s’écria Alan. Non, monsieur. Vous voulez soixante guinées, gagnez-les, et débarquez-moi dans mon pays à moi.

— C’est mettre le brick en péril, monsieur, dit le capitaine. C’est risquer vos existences en même temps.

— C’est à prendre ou à laisser, répliqua Alan.

— Pourriez-vous nous piloter tant bien que mal, demanda le capitaine en fronçant les sourcils.

— Cela, j’en doute, dit Alan, je m’entends beaucoup plus à me battre, comme vous l’avez vu par vous-même, qu’à faire le matelot. Mais j’ai été assez souvent cueilli ou débarqué sur cette côte, et je dois savoir un peu comment elle est faite.

Le capitaine hocha la tête, toujours en fronçant les sourcils.

— Si j’avais perdu moins d’argent dans cette traversée de malheur, je préférerais vous voir au bout d’une corde, plutôt que de risquer mon brick. Oui, monsieur. Mais il faut en passer par là. Aussitôt que j’aurai un peu de vent favorable, et si je ne me trompe, il se lève déjà, j’y mettrai la main. Mais il y a autre chose encore. Nous pouvons rencontrer un vaisseau du Roi. Il pourra m’aborder, monsieur, sans qu’il y ait de ma faute. Les croiseurs sont en grand nombre sur cette côte, vous savez pour qui. Maintenant, dans le cas où cela arriverait, vous pourriez dire adieu à l’argent.