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d’autrefois, qu’enfin je lui tendis un gobelet plein d’eau-de-vie, dont il but une partie et emporta le reste en traversant le pont, sans doute pour l’offrir à son supérieur.

Quelques instants après, comme il était convenu, le capitaine se présenta à l’une des fenêtres et resta là, sous la pluie, son bras en écharpe, l’air dur, la figure pâle et si vieillie que mon cœur s’émut à l’idée d’avoir tiré sur lui.

Alan, aussitôt, le coucha en joue avec un pistolet.

— Lâchez cet objet, dit le capitaine. Ai-je manqué à ce qui est convenu, monsieur, ou avez-vous l’intention de nous insulter ?

— Capitaine, répondit Alan, je crois que votre parole se rompt aisément. L’autre soir, vous avez marchandé, chicané comme une marchande de pommes. Vous avez fini par me donner votre parole, et vous savez fort bien ce qu’il en est advenu. Au diable votre parole !

— Bon, bon, monsieur, dit le capitaine, vos jurons n’avanceront à rien.

Et je dois dire que le capitaine était absolument exempt de ce défaut.

— Mais nous avons à causer d’autres choses, reprit-il avec amertume. Vous avez rudement maltraité mon brick. Il ne me reste pas assez de monde pour la manœuvre, et mon premier maître, qui m’était à peu près indispensable, a reçu de vous le coup mortel. Il a rendu l’âme sans dire un mot. Il ne me reste plus, monsieur, d’autre parti à prendre que de retourner au port de Glasgow et de recruter d’autres matelots. Là, avec votre permission, je vous dirai que vous trouverez des gens plus en état de causer avec vous.