Il vint au bord de la dunette et s’assit sur un rouleau de câbles, de façon que son menton fût au niveau du toit, et nous nous regardâmes quelque temps en silence.
M. Riach, je pense, ne s’était pas beaucoup exposé dans la bataille.
Aussi en avait-il été quitte pour un coup sur la joue, mais il avait l’air découragé, fort las, car il avait passé toute la nuit debout à monter la garde ou à panser les blessés.
— Ça été une mauvaise affaire, dit-il enfin en hochant la tête.
— Ce n’est pas nous qui l’avons commencée, répliquai-je.
— Le capitaine voudrait, dit-il enfin, causer avec votre ami. Ils pourraient se parler par la fenêtre.
— Mais pouvons-nous savoir quelle trahison il médite ? m’écriai-je.
— Il n’en médite aucune, David, répondit M. Riach, et s’il y songeait, je puis vous dire honnêtement la vérité, nous ne déciderions pas les hommes à marcher.
— Est-ce bien vrai ? demandai-je.
— Je vous en dirai même plus, reprit-il, ce ne sont pas seulement les hommes, c’est aussi moi. Je suis épouvanté, David…
Et il m’adressa un sourire.
— Non, dit-il, ce que nous voulons, c’est nous séparer de lui.
Sur ces mots je me consultai avec Alan, et l’entretien fut accordé. L’on engagea sa parole des deux côtés. Mais ce n’était pas seulement cela qui amenait M. Riach. Il me supplia si instamment de lui donner la goutte à boire, et en me rappelant ses bons procédés